À peine signé, l’accord tripartite du 27 juin 2025 entre les États-Unis, la RDC et le Rwanda montre ses premières limites. La reprise des invectives diplomatiques entre Kinshasa et Kigali illustre la fragilité d’un processus de paix encore embryonnaire, plombé par une vieille pomme de discorde : la présence persistante des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) dans l’est de la RDC.
Un point de friction historique
Alors que le ministre congolais de l’Industrie, Julien Paluku, dénonce une stratégie rwandaise visant à maintenir une menace fabriquée pour légitimer ses incursions, son homologue rwandais, Olivier Nduhungirehe, réplique en évoquant les engagements passés de Kinshasa à désarmer les FDLR. Les deux capitales s’affrontent désormais sur la scène médiatique, réactivant un différend qui mine toute tentative de normalisation.
La question FDLR, toujours centrale
Au cœur du bras de fer : la neutralisation des FDLR, que Kigali accuse régulièrement d’être soutenues par Kinshasa. Julien Paluku, lui, retourne l’argument, soulignant que malgré deux longues périodes d’occupation du territoire congolais par le Rwanda, les FDLR n’ont jamais été démantelées par Kigali. Une accusation grave, appuyée par des sources onusiennes évoquant un effectif résiduel et des tentatives de « recyclage » de certains éléments au profit du Rwanda.
Le plan CONOPS en difficulté
Malgré l’accord de Washington et son volet sécuritaire censé désarmer les groupes armés dans la région, l’application concrète du plan CONOPS piétine. L’absence de consensus sur la réalité des FDLR – leur nombre, leur localisation, leur influence réelle – empêche toute coopération militaire efficace. L’accord risque de se transformer en texte symbolique sans traduction sur le terrain.
Construire une paix de confiance
Au-delà des discours, les accusations réciproques révèlent une chose : la méfiance reste intacte. Pour que la paix avance, Kigali et Kinshasa devront s’engager dans un dialogue sincère, sortir de leurs récits antagonistes, et accepter l’examen objectif des faits. À défaut, les FDLR continueront de servir de prétexte à une guerre de mots… et parfois de plomb.